Au sein du Breeding Centre installé en coulisses, il se passe de jolies choses chez les vautours moines. Le couple reproducteur que forment Senior et Snowflake a adopté un tout jeune vautour venu de France. L’oisillon est issu de la première ponte d'un couple reproducteur en France. En tant que coordinateur du programme d'élevage européen (l'EEP) pour les vautours moines quasi menacés, le ZOO Planckendael participe activement à la réintroduction des jeunes vautours dans la nature.
Parce que la reproduction des vautours moines est importante, tout est mis en œuvre dans le programme d’élevage pour élever le plus possible de poussins. En général, les vautours pondent un œuf au cours des mois de février et mars et s’il n’est pas fécondé ou n’éclot pas, ils tentent à nouveau leur chance environ un mois plus tard en pondant un second œuf, un œuf de remplacement. Nous pouvons aider l’espèce en permettant la naissance de plusieurs poussins. Chez les couples reproducteurs, le premier œuf est placé dans la couveuse tandis qu'ils élèvent eux-mêmes la deuxième ponte. Lorsque le premier œuf éclot, nous nous occupons de l'oisillon durant quelques jours pour qu'il soit suffisamment robuste avant de rencontrer ses parents adoptifs qui prendront le relais.
Il est important de bien observer le comportement des couples. C’est la raison pour laquelle trois caméras sont disposées à proximité de chaque nid dans le Breeding Centre. Les oiseaux peuvent ainsi construire leur nid en toute tranquillité, entretenir leur relation avec leur partenaire et s'accoupler, pondre leur œuf et le garder bien au chaud durant 52 jours et enfin nourrir correctement leur poussin. Le tout, sous le regard vigilant des scientifiques. Lors d’une adoption, le processus d'acceptation fait l’objet d'une surveillance et est retardé d'un jour, si c’est nécessaire.
Des parents adoptifs idéaux
Chez le couple Snowflake et Senior, la femelle est en phase post-reproductive. Elle pond des œufs non fécondés, voilà pourquoi le couple reçoit toujours un œuf factice à couver afin de maintenir leur condition de reproduction. Ils couvent à la perfection, ils gardent assidûment et avec patience leur œuf bien au chaud. Ils se relayent efficacement dans cette importante tâche. Ils ont déjà de l’expérience puisqu'au ZOO Planckendael, ils ont déjà élevé des oisillons adoptés. Voilà pourquoi ils forment le couple de parents adoptifs idéal pour accueillir ce poussin comme il se doit.
Accepté ou rejeté ?
Après être arrivé de France en Belgique, le poussin a d'abord été nourri correctement dans la couveuse avant d’être placé quelques heures plus tard sous la protection de ses parents adoptifs. Puis vient toujours le moment de l’attente angoissante... le jeune va-t-il être nourri ou ignoré ? L’éjecteront-ils du nid ? Heureusement, c’est sans compter sur la femelle Snowflake. “Elle s’est immédiatement montrée très protectrice. Seul le père adoptif Senior a dû s'habituer un peu à son nouveau rôle. Quand il a pris le relais des soins, il a emmené le poussin dans le coin du grand nid. Une légère panique s’est emparée de nous quand nous avons vu que le poussin avait disparu du centre du nid, sur les images de caméra. Mais entre-temps, la mère poule a repris le contrôle et le poussin a retrouvé sa place au centre du nid, est rayonnant et bien nourri. Le nourrissage doit avoir lieu dans les 12 heures qui suivent le placement”, explique le soigneur Olivier.
Nous avons encore quatre autres couples reproducteurs au sein du Breeding Centre où ils peuvent couver sans être dérangés : Rojo et Chica, Crouk et Orion et deux couples sans nom. Ils ont eu une ponte tardive au mois de mars avec quatre œufs dans les nids, mais seul un œuf s’est révélé fécondé. Une deuxième ponte ne semble plus à l’ordre du jour. D'après leur horloge biologique, il leur reste trop peu de temps pour réussir à élever leur oisillon pour l’automne et l’hiver. « Le printemps froid et humide serait-il responsable de ce mauvais timing ? Cette année, c’était aussi la première fois que les couples pondaient tous leurs œufs à cinq jours d'intervalle. Si près l'un de l’autre, c’est unique », poursuit le soigneur Olivier.
En tant que coordinateur du programme d'élevage européen (l'EEP) pour les vautours moines, nous participons activement à la réintroduction des jeunes vautours dans la nature. « D'une part, nous voulons maintenir la population des parcs animaliers comme réserve pour la population dans la nature. D'autre part, nous voulons assurer à l'espèce quasi menacée de nouvelles opportunités à Majorque, en Espagne, en France et en Bulgarie. Nous réintégrons de jeunes individus avec des partenaires locaux », explique le curateur Frédéric.